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Une seconde vie pour le bas-relief de François Debret (1833)
Nous vous invitons à visiter ci-dessous le mobilier liturgique installé en janvier 2018
En janvier 2018, Monseigneur Pascal Delannoy Evêque de Saint-Denis-en-France consacrait le nouvel autel,
fruit d’un long travail des équipes diocésaines, de l’Architecte en chef des monuments historiques, de l’artiste
Vladimir Zbynovsky et des entreprises qui ont œuvré à sa réalisation.
Cette oeuvre fait maintenant le tour du monde.
Nous vous livrons quelques articles de journaux étrangers.
Extraits de l’interview de L’artiste slovaque Vladimir Zbynovsky qui entre dans l'éternité des rois de France par - Milan Čupka, Pravda 19.02.2018 (traduction Mme Manak).
.....L’artiste slovaque Vladimir Zbynovsky entre dans l'éternité des rois de France Milan Čupka, Pravda 19.02.2018 06:00 (traduction Mme Manak)
La basilique de Saint-Denis comme
symbole de la France possède une valeur historique et architecturale considérable. Jusqu'à la Révolution française, au cours de laquelle les tombes des aristocrates ont été dévastées, y reposaient
les corps des rois qui ont dirigé le pays du Vème au VXIIIème siècle. La basilique est également considérée comme l'un des premiers bâtiments gothiques dans le monde. Depuis les années 1960, elle est
devenue la cathédrale et le siège de l'Evêque. Comment êtes-vous arrivé à obtenir une commande aussi exceptionnelle?
La restauration de l'autel principal a été un projet pendant plusieurs décennies. Finalement, L’Evêché a décidé de proposer un concours auquel j’ai participé. Parmi les cinquante artistes inscrits, la commission en a sélectionnés dix. Mon projet, qui combine la pierre et le verre optique a été le plus proche de ce qu’ils recherchaient. La mise en œuvre fut complexe car nous avons utilisé du verre optique d’un poids d’une tonne 400 kg. J'ai travaillé avec trois entreprises: la première a fondu le verre, la suivante l'a poli et la dernière a travaillé la pierre. Lier le verre avec la pierre à de telles dimensions n'était pas aussi simple que lorsque je travaille sur de plus petites œuvres dans mon atelier.
Vous avez coopéré avec plusieurs entreprises. Quel est le rôle de l'artiste dans des projets aussi complexes? Êtes-vous plus conducteurs de votre vision qu'un artisan qualifié?
Lorsque j’ai postulé pour le projet, j'ai décidé d'aller à contre-courant de ce qui se pratique habituellement et j'ai fait une maquette de l’œuvre entière, mais quatre fois plus petite que l'original. Cela a finalement emporté le choix, car ma maquette avait un aspect tridimensionnel, la commission pouvait la voir et la toucher. Je voudrais dire qu'à ce stade j'ai effectué le travail moi-même, mais plus tard je suis passé à une autre étape, que je peux comparer à un artiste de la Renaissance. J'ai eu un « mécène » qui a financé le projet. J'ai délégué certaines activités à d'autres personnes qui sont devenues mes collègues. Pendant la fabrication de l’œuvre, nous avons changé trois fois les techniques, donc il y a eu un dialogue permanent et animé entre les personnes qui travaillaient avec moi sur le projet. C'était très enrichissant pour nous tous, car se confrontent les points de vue de l'artiste, du technologue et de l'artisan.
Est-ce que l'autel et l’ambon sont toujours utilisés pour les cérémonies ou est-ce que la basilique Saint-Denis est un musée?
Les cérémonies ont commencé dans la foulée de l’installation. C'était une nouveauté pour moi que les deux objets soient consacrés selon la tradition de l'Église dans les deux jours suivant leur entrée dans la basilique. Lors de l'installation de l'autel, nous avons subi une certaine pression puisque nous avons commencé le samedi soir à 21 heures, et la consécration était prévue le dimanche après-midi. Nous avons finalement réussi à terminer à quatre heures du matin !....
La consécration de l’autel
DIMANCHE 14 JANVIER 15 H 30
Sous la responsabilité de l’Etat, d’importants travaux de restauration menés sur la façade, dans le choeur et dans la crypte de la basilique cathédrale viennent d’être achevés à l’automne 2015.
Dès 2014, le diocèse de Saint-Denis confie à Vladimir Zbynovsky la création d’un autel et d’un ambon qui fasse lien entre le choeur et la
crypte .
Ce mobilier exceptionnel a pris place dans le choeur le quatorze janvier 2018.
♦ UN CHOEUR QUI REUNIT, AUTOUR DE L'EVEQUE, l’assemblée des chrétiens au croi-
sement de l’Histoire et du monde d’aujourd’hui.
Dans le souffle de Vatican II, la messe n’est
plus célébrée sur le grand autel adossé au
mur du choeur bas, mais sur un autel cen-
tral afin qu’il soit ≪ le signe, au milieu de
l’assemblée des fidèles, de l’unique Christ et
de l’unique Eucharistie de l’Eglise ≫ SC 57. Le
prêtre célèbre désormais face à l’assemblé ;
l’usage de la concélébration est élargi.
Un ambon est placé dans le choeur : comme
aux premiers temps de l’Eglise, le Livre y est
déposé, c’est le lieu de la proclamation de la
Parole de Dieu.
La plupart des églises se dotent alors de po-
dium sur lequel s'ancrent autel central, am-
bon dans la fidélite aux textes conciliaires. Au
fil des années, l’usage a fait murir la réflexion :
un demi-siècle plus tard, émerge le désir de
stabiliser et d’embellir ces aménagements, tel
est le cas de la cathédrale Saint Denis.
♦ LE NOUVEAU MOBILIER de la basilique cathédrale de Saint–Denis : le verre, matériau d'une extrême pureté, produit du génie de l’Homme est posé sur la pierre, élément de la nature taillé avec habileté.
Vladimir ZBYNOVSKY utilise avec une grande simplicité de composition la pierre et le verre; s'ensuit un dialogue des matières, silencieux, sans décor.
La pierre est mate, de couleur chaude et blonde, tendre et fragile ; elle est aussi irrégulière, tandis que le verre optique est d’une extrême brillance, froid, dur et très pur. La pierre s’oppose
aux qualités du verre qui la couronne et révèle la beauté du verre où
la lumière se réfléchit. L’accord est simple mais subtil : il a pour fonction d’inviter la lu-mière.
Cependant, comment rendre compte du mystère de la présence invisible ? Comment représenter le récit de l’Eucharistie, des ténèbres vaincues par
la Résurrection, comment dire la permanence de la Parole si ce n’est en recourant à la métaphore de la
lumière matérialisée en silice transmuée, transparente, invisible ?
Vladimir Zbynovsky.
A la fragile planéité des vitraux dont la vibration des couleurs habille depuis des siècles les pierres de l’édifice, répond un matériau semblable bien que radicalement différent.
Son épaisseur, sa transparence permise par la technologie affirment avec force sa modernité. Du XIIe au XXIe siècle, l’Homme essaie de rendre par le verre une métaphore divine…
À la jointure de la pierre et du verre, se dessine une ligne. Pour l'artiste, cette ligne estlà, en attente du Livre ouvert: Le livre est enlevé et sa présence lui survit en trace de lumière. V Z
Le dosseret s’accorde aux nuances des bronzes et des dorures du mobilier ancien : le siège de Dagobert symboliquement choisi comme cathèdre, la croix et les chandeliers, à l’arrière-plan, les reliquaires, sans oublier la couronne de lumière conçue par Viollet-le-Duc pour Notre-Dame de Paris, que le Ministère de la Culture a souhaité réinstaller dans la basilique cathédrale.
♦ LA CRYPTE
Une croix de lumière éclaire le sol, où des croyants furent inhumés auprès de saint Denis, dans l’espérance de la Résurrection. La symbolique de cette croix est forte : elle est la lumière du
Ressuscité. Elle éclaire la crypte et elle en éclaire le sens pour les visiteurs.
La croix grecque marque l’origine de saint Denis trait d’union entre l’Orient et l’Occident. Passé et Présent se trouvent liés, conciliés, complémentaires, la communication entre ces deux espaces opère par le chemin que la croix excavée offre. Une croix de lumière pour des espaces réellement ou symboliquement irradiés. V Z
L’édifice qui a traversé les siècles s’ouvre aujourd’hui au IIIe millénaire, il accueillera une création où sont intimement liées la symbolique chrétienne et l’esthétique de notre temps.
Vladimir ZBYNOVSKY
Artiste de la lumière
Né à Bratislava (Slovaquie), remarqué très jeune pour son aptitude audessin, il taille la pierre à l’âge de 15ans
et poursuit sa formation de sculp-teur à l’École Supérieure des Beaux-Arts de Bratislava, seule université eu-ropéenne à posséder alors une
section « sculpture sur verre » ; les étudiants sélectionnés par concours ap-prennent à penser le matériau dans toute ses
applications, à travailler sur les concepts qu’il induit… Depuis cet artiste explore les possibilités de l’associationdu travail de la pierre
et du verre, naturellement nourri par la grande tradition du verre et du cristal de Bohême. Deux matériaux, l’un naturel,
l’autre synthétique, quiont la minéralité en commun : la pierre et le verre, théâtre de toutes les dualités.
En 1991 un bref passage à l’École des Art appliqués Olivier de Serres lui permet de découvrir Paris. A sonretour, il crée la pièce de son diplôme d’État, un ensemble de quatre blocs de pierre surmontés de verre de couleur. L’oeuvre intitulée « Naissance de la lumière » contient en germe son travail futur.
En 1993, il a rencontré sa femme Emmanuelle, il s’installe en France et ouvre un atelier à Chantilly. Là, il
explore la matière-pierre et verre, par étapes patientes, soumettant ses expérimentations au service de l’idée. Si la pierre et le verre sont ses matériaux
de prédilection, la lumière et l’empreinte sont deux notionsessentielles de son oeuvre. Des cycles de création se succèdent
désormais. On remarque peu à peu l’évolution vers le monumental et le développement des concepts en fonction du lieu :
les créations, intitulées « Capteurs » s’installent à l’extérieur, se fondent
dans la nature et la métamorphosent.
L’artiste s’est intéressé très tôt au travail du contraste entre la pierre et le verre, il se ditaujourd’hui « sculpteur de cristal optique », verre ultra transparent qui « capte » la lumière. Sa démarche de créateur enchaîne des séquences autour de la « lumière dela pierre sidérale, aura de la pierre, esprit de la pierre, pierres, présences, transcendance, évoquent le désir d’allier de manière sculpturale, pierre et verre, gravité et transparence, opacité et signes lumineux ».
Le verre est aussi la matière qui accompagne l’homme dans sa marche, depuis les pâtes de verre mésopotamiennes aux réalisations en fibre optique et qui renouvelle l’aube du monde entre
l’homme et son désir de pureté, part cachée de lumière et de transparence. V Z (site internet de Vladimir Zbynovsky).
Au coeur de l’inquiétude liée à la matière s’élève cependant la certitude de la lumière, qui dépassant notre temps, notre espace
et notre condition misérable, nous donne d’effleurer l’inconcevable. Une quête ontologique transparaît dans ces propos et dans cette confidence de Vladimir
Zbynovsky relative à son arrivée à Paris en 1991: j’ai marché, marché, marché, aspirant tout comme un buvard…
« Il me semble que mon approche du matériau est toujours faite de surprise et d’émerveillement… » Ainsi donc, l’effervescence créatrice intérieure qui habite cetartiste, nous promet-elle encore bien d’autres fêtes, au cours de son cheminement vers l’essentiel.
L’oeuvre de Vladimir Zbynovsky émerge dans le champ du domaine verrier contem-porain. La singularité de sa recherche lui vaut une présence croissante sur la scène
internationale : ses créations sont exposées en permanence dans les galeries Serge Lechaczynsky (Biot, France), Matisse Etienne (Oisterwijk,
Pays-Bas), Plateaux (Londres) et la galerie Pokorna (Prague).